« La paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. » — Philippiens 4:7.
La paix est un état de sérénité, de tranquillité, un affranchissement de toute inquiétude ou agitation ; c’est le véritable calme, le repos. Notre texte affirme qu’un tel état d’esprit appartient à Dieu. Le caractère de Dieu est tranquille, calme, il ne connaît ni les inquiétudes, ni les agitations; les multiples occupations de son immense empire ne lui causent aucun ennui ou fatigue. Les Ecritures nous montrent que cette paix de Dieu si parfaite n’est pas due au fait que dans son vaste empire, il n’existe pas de désordres, elle n’est pas due non plus à l’indifférence de Dieu aux douleurs ou aux plaisirs, elle est due plutôt à l’équilibre harmonieux, parfait, des divers et glorieux attributs de l’Eternel qui lui confèrent une maîtrise absolue de la situation qu’Il occupe comme Souverain de tout l’univers.
Si nous avons admiré le sang-froid, l’empire sur eux-mêmes manifesté au sein de la confusion et de la fumée des batailles par de grands généraux comme Napoléon ou Grant, si nous avons admiré ces mêmes qualités chez des hommes d’état tels que Gladstone et Bismarck dans des temps de troubles ou de périls nationaux, si nous les avons admirées également chez d’habiles chirurgiens ou chez d’autres personnes dans des moments critiques, nous n’avons eu cependant qu’un pâle reflet de la paix, de la possession de soi-même, de la confiance absolue en soi qui règnent dans le caractère de Dieu. L’Eternel n’est jamais confus, troublé, embarrassé ou accablé de soucis. Il n’a aucune crainte à l’égard de l’accomplissement de ses plans, Il sait que ses desseins ne peuvent échouer, car la toute puissance et la sagesse parfaite résident en Lui.
L’étendue de sa puissance intellectuelle va jusqu’aux limites absolues de toutes les possibilités ; cette puissance pénètre les causes de toutes choses et discerne, avec une exactitude absolue, les effets produits. Il s’ensuit que Dieu connaît la fin dès le commencement, non seulement par l’application de lois ou de déductions philosophiques, mais aussi par intuition. Dieu étant le Créateur de toutes choses et des lois qui les régissent, connaît parfaitement toutes les lois physiques, morales et intellectuelles dans leurs détails les plus infimes ; aucun problème ne peut se poser sans qu’Il en ait déjà vu la solution. « Dieu est lumière, et il n’y a point en lui de ténèbres. » — 1 Jean 1:5.
Dieu, le Créateur de toutes choses, est aussi celui qui entretient et soutient toutes ses créations avec une sagesse parfaite. D’âge en âge, dans un silence majestueux, l’univers physique ou matériel tout entier accomplit la volonté divine sans trace de désordre ou d’accident ; cette même Puissance s’est engagée à maintenir toute cette création pendant toute l’éternité à venir.
La paix de Dieu jaillit donc des sources, des réserves de sa puissance et de sa sagesse qui sont immenses et inhérentes à sa personne. La paix de Dieu ne provient pas de cette source seule, car le terme paix implique la notion de bonté inhérente. Dieu personnifie toute vertu et toute grâce, Il possède, par suite, la plénitude du contentement et de la paix du cœur due à la perfection morale consciente comme Il possède la sagesse et la puissance inhérentes.
LA NATURE EMOTIVE ET SENSITIVE DE DIEU
Nous constatons cependant que cette paix de Dieu existe en compagnie de beaucoup de désordres et d’afflictions. Dieu, le Père, nous montre qu’Il éprouve un amour paternel pour toutes ses créatures intelligentes, pour « toute famille [de Dieu] dans les cieux et sur la terre » (Ephésiens 3:15) ; c’est par sa volonté qu’elles existent et qu’elles ont été créées (Apocalypse 4:11). Il les créa à son image avec les mêmes facultés mentales et morales, afin de conserver avec elles des liens de communion et de parenté puisqu’elles étaient ses enfants et Lui-même leur Père. Le Créateur et ses créatures pouvaient ainsi trouver le plaisir, le bonheur et la félicité dans une communion et des liens de parenté mutuels.
L’image de Dieu dans la créature comprend, non seulement les facultés mentales, mais aussi l’entière liberté d’utiliser, de diriger ces facultés en vue de la formation du caractère. Une créature incapable de se former un caractère ne serait pas à l’image de Dieu. Dans le but de développer ce caractère en elle, la créature devait être soumise à une épreuve dans laquelle elle avait à choisir entre le bien et le mal. L’individu devait discerner le principe des bonnes et des mauvaises actions ; son choix était absolument libre, afin que le plaisir de Dieu pût se manifester à la vue du caractère vertueux développé chez l’individu par le choix volontaire du bien et de la justice.
L’amour de Dieu pour ses dernières et innocentes créatures (Adam et Eve avant la chute) est de même nature, mais beaucoup plus puissant que l’amour de parents terrestres pour un enfant innocent. Cet amour et cette sollicitude ne se refroidissent pas avec les années ; au contraire, ils se manifestent par une vigilance sérieuse qui suit de près le développement des principes et des fruits de justice chez l’enfant. Il est ainsi évident qu’à l’exemple de parents terrestres, Dieu éprouve du plaisir ou de la douleur selon le choix effectué par ses créatures libres et intelligentes pour le bien ou pour le mal. Cette conviction s’impose à nous, non seulement parce que Dieu est le Père de ses créatures, mais aussi parce que de nombreux passages des Ecritures nous font voir des choses qui sont abominables, déplaisantes, détestables et méprisables aux yeux de Dieu ; ils nous disent que la colère de Dieu s’enflamma contre leurs auteurs, qu’Il lança contre eux son ardente colère, sa fureur, sa rage et sa détresse, qu’Il ne sauva pas leur âme de la mort. D’autres passages de la Bible nous montrent l’amour, la joie et le bonheur de Dieu, le plaisir qu’Il prend aux choses qui Lui sont agréables, aux principes et aux lois de la justice ainsi qu’à ceux qui leur obéissent. La faculté d’éprouver des émotions ou des sensations agréables de caractère opposé, soit pour la douleur, soit pour le plaisir, doit être considérée comme la manifestation du flux et du reflux d’émotions ou de sensations d’un même ordre.
Ces manifestations du caractère de Dieu nous font voir nettement la nature émotive et sensible de l’Etre suprême ; nous pouvons d’ailleurs nous rendre compte de ce fait en constatant que notre propre nature reçoit des émotions et des sensations analogues, l’homme ayant été créé à l’image de Dieu. Chers amis, Dieu n’est certes pas un Dieu indifférent et insensible aux émotions et aux sensations de plaisir et de douleur, mais l’harmonie et l’équilibre parfaits des attributs et du caractère divins maintiennent la paix en toute circonstance dans la douleur et dans le plaisir.
LA PAIX DE DIEU N’A PAS ETE INTERROMPUE PAR LES OPPOSITIONS ET DISCORDES EXTERIEURES
Lorsque nous avons compris ce qui précède, nous pouvons examiner les circonstances et les conditions dans lesquelles la merveilleuse paix de Dieu s’est maintenue de toute éternité. Les plans de Dieu établis avec une profondeur et une fixité absolues nécessitèrent, pour leur accomplissement dans toutes ses oeuvres créatives, de longues périodes [ou âges du grec aion]. Dieu vit au travers des âges le but qu’Il se proposait, l’épanouissement glorieux d’une création intelligente à sa propre image, affermie dans la justice et digne du don divin de la vie éternelle. Il perçut clairement la joie mutuelle que le Créateur et sa créature éprouveraient, aussi résolut-Il d’attendre l’achèvement glorieux de ses plans avec patience dans une paix inaltérable.
Au fur et à mesure du développement des plans de Dieu et de la succession des âges, le don du libre arbitre accordé à ses créatures fut très mal employé par nombre d’entre elles, il contribua même à développer en elles des caractères mauvais ; c’est ainsi que la discorde fit son apparition dans sa famille, « la famille [de Dieu] dans les cieux et sur la terre » comprenant toutes ses créatures, les anges et les hommes. La division s’introduisit dans la famille, les uns continuèrent de faire le bien, les autres choisirent ce qui est mal. Un tel état de choses constituait une des étapes nécessaires et prévues des plans grandioses de Dieu dont les résultats glorieux valaient bien, à ses yeux, tous les désordres et toutes les ruines qu’Il avait vus par anticipation.
Les discordes de familles sont une chose terrible. Combien souvent un fils prodigue ou une fille égarée n’ont-ils pas fait descendre les cheveux blancs de leurs parents avec douleur dans le tombeau ! Combien notre Père céleste doit avoir connu de telles douleurs ! Tout d’abord Il vit Satan, un de ses enfants (Esaïe 14:12), un ange de lumière tomber du ciel comme un éclair (Luc 10:18). Pendant plus de six mille ans, ce fils est resté un rebelle déclaré, défiant ouvertement Dieu, employant avec un génie diabolique toutes ses forces à provoquer d’autres rébellions, d’autres iniquités. L’Eternel vit de nombreux anges qui ne conservèrent pas leur origine (Jude 6) et qui devinrent les associés de Satan. Il contempla même toute la race humaine s’enlisant dans le péché. Est-ce que des parents humains ont jamais eu à faire face à une conspiration aussi odieuse et aussi diabolique au sein de leur propre famille ? Assurément pas.
Dieu jugea alors nécessaire d’assumer le pénible devoir de faire régner la discipline. Selon les règles de sa propre justice, Il devait renier ses enfants infidèles et les traiter en ennemis. L’amour de Dieu devait rester voilé pendant tout le temps où la justice implacable et sévère devait exercer son action ; cependant, même alors, l’amour du Père céleste accomplissait tous les préparatifs nécessaires pour bénir les humains séduits et déchus, au temps où ses dispositions rédemptrices devaient rendre ses faveurs à ceux qui se repentiraient. Ce devoir ne dut pas être agréable et la manière dont les pécheurs se comportèrent ne dut pas plaire à Dieu.
Examinons l’amour divin contre lequel ces enfants infidèles péchèrent. C’est de Dieu que provient tout don parfait et bon, néanmoins ses faveurs ont été méprisées, son amour repoussé avec dédain, son autorité toute de justice a été rejetée et mise au défi, son caractère a été défiguré, noirci, rendu odieux, haineux, injuste et même méprisable. En dépit de tout cela, la paix de Dieu subsiste et, pendant six mille ans, Il a supporté l’opposition directe des pécheurs. Cependant, ô merveille de sa grâce, son amour abonde ! Les Ecritures disent qu’Il a tant aimé le monde, même tombé dans le péché, qu’Il a donné son Fils unique afin qu’Il mourût pour les humains et que, par ce Fils, un jugement (ou des épreuves) fût aussi accordé aux anges qui tombèrent à l’exception cependant de Satan, le chef, l’instigateur de toutes les rébellions et le père du mensonge. — Jean 3:16 ; 1 Corinthiens 6:3 ; Jude 6 ; Hébreux 2:14 ; Apocalypse 20:10, 14.
LA PAIX DE DIEU PEUT EXISTER MALGRE LES TRISTESSES
Ce don de l’amour divin (dans la personne de Christ) nous fournit une autre indication de ce qu’il dut en coûter à notre Père céleste pour accomplir ses plans merveilleux ; non seulement Il dut contempler avec tristesse la chute dans le péché d’un grand nombre des membres de sa famille, mais la régénération de ces derniers Lui coûta encore le sacrifice de son Trésor le plus précieux et cet Etre chéri dut obéir jusqu’à l’humiliation, l’ignominie, les souffrances et la mort les plus abjectes. Nous pouvons encore mieux comprendre ce qu’il dut en coûter à l’amour de Dieu si nous le comparons avec celui des parents pour leurs enfants. Quelles ne durent pas être la tendresse et l’intensité de l’affection, de l’amour divins, lorsque Dieu consentit au sacrifice de son Fils bien-aimé dans lequel Il avait mis toute son affection ! A toutes les grâces de son caractère qu’Il manifesta dès l’aube de son existence terrestre, le Logos (Jésus) ajouta la grâce suprême d’une obéissance absolue à la volonté divine, même quand la voie qui Lui était tracée était couverte d’humiliation et de douleurs.
Pensons-nous que le Père céleste le laissa partir pour cette mission toute de miséricorde sans une douloureuse émotion ? Est-ce que Dieu ne connut pas toutes les douleurs de l’amour paternel, lorsque la mort frappa au cœur son Fils bien-aimé ? Lorsque notre cher Sauveur dit : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort », lorsqu’Il dit encore : « Mon Père, s’il est possible , que cette coupe s’éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux », est-ce que ces paroles ne frappèrent pas l’Eternel au plus profond de son cœur ? Certainement, l’amour véritable et sincère du Père dut tressaillir de compassion pour les douleurs de notre Sauveur. — Matthieu 26:38, 39.
La parole de Dieu nous enseigne que l’amour véritable pleure avec ceux qui pleurent, se réjouit avec ceux qui se réjouissent et cette vertu-là est une de celles qui constituent le caractère divin. L’Eternel, étant immortel, ne pouvait mourir pour nous, sa nature divine ne pouvant subir les atteintes de la mort ; si, d’ailleurs, Il avait pu mourir, il n’y aurait eu aucune puissance d’un ordre plus élevé pour le ressusciter de la mort. Toute la création eût été ainsi abandonnée à toujours sans gouvernement ; le désastre et la ruine en seraient résultés irrémédiablement. Dieu eut la possibilité, par contre, de sacrifier ce qui en coûtait le plus à son cœur de Père, son Trésor le plus précieux ; Il accomplit ce sacrifice manifestant ainsi le grand amour qu’Il éprouvait pour ses créatures séduites et déchues (1 Jean 4:9). Si ce sacrifice n’avait rien coûté à Dieu, si, dans son cœur, Il ne pouvait ressentir aucune émotion douloureuse, même dans de pareilles circonstances, le don de son Fils n’eût été en aucune manière une preuve de son amour ; car ce qui ne coûte rien n’est la manifestation d’aucun sentiment.
Notre Seigneur Jésus manifesta aussi son grand amour pour le Père qui supportait patiemment depuis longtemps les défigurations que les humains faisaient subir à son caractère. C’est mû par ce sentiment que Jésus accomplit le grand acte de sa vie pour glorifier son Père, pour déraciner chez les hommes les fausses notions qu’ils avaient sur le caractère divin, pour leur faire voir la bonté, la bienveillance, l’amour et la grâce de Dieu, pour les amener à aimer le Dieu miséricordieux qui les avait tant aimés, bien qu’ils fussent pécheurs, qu’Il voulut les libérer et prit les dispositions nécessaires pour assurer leur salut éternel.
LA PAIX DE DIEU FAISANT CONVERGER TOUTES CHOSES VERS ELLE
Certes, il y eut de terribles perturbations dans la famille de Dieu entièrement séparée de Lui. Le Seigneur dit qu’Il ne prit point de plaisir à cet état de choses (Psaume 5:5) ; en dépit de tout cela, la paix de Dieu subsista immuable. Dieu a supporté patiemment dans la sérénité, dans la joie même, au sein des tribulations, l’opposition des pécheurs pendant six mille ans, malgré la conscience absolue de sa propre perfection morale, de sa sagesse infaillible et de sa toute-puissance, bien qu’Il appréciât de la manière la plus complète la justice, bien qu’Il éprouvât l’amour le plus intense pour la splendeur de la sainteté.
Pendant la septième période de mille ans, du dernier jour de la création, notre Seigneur Jésus aura l’heureux privilège, selon les desseins de Dieu, de faire connaître à toutes les créatures dans les cieux et sur la terre, le caractère glorieux du Père céleste. Le Père sera alors dans la joie en contemplant la majesté de son oeuvre achevée, la paix éternelle et le bonheur de sa famille dans les cieux et sur la terre, tout étant réuni en « Christ seul Chef » — Ephésiens 1:10.
Ce bienheureux achèvement des plans de Dieu ne sera complet cependant que lorsque les fils déchus et incorrigibles de Dieu auront été retranchés, anéantis ; ce sont ceux qui auront été rejetés et dépouillés de leur héritage parce qu’ils auront aimé l’iniquité, parce qu’ils ne voudront point se réformer. Ce sera le dernier devoir désagréable qu’accomplira le Créateur et Père de toutes choses qui nous dit positivement que ce devoir est pénible, mais qu’Il aura néanmoins la fermeté nécessaire pour l’accomplir et réaliser ainsi la justice et la paix universelles. « Je suis vivant dit le Seigneur, l’Eternel, ce que Je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive. Revenez, revenez de votre mauvaise voie et pourquoi mourriez-vous ? » — Ezéchiel 33:11.
Nous voyons ainsi que la paix de Dieu subsiste malgré les violentes perturbations, malgré le chagrin et les douleurs de toute nature, car elle ne dépend pas des circonstances extérieures, elle est due à l’équilibre parfait du caractère et à l’harmonie parfaite du cœur. Notre Seigneur Jésus eut aussi la joie de posséder une telle paix, la paix de Dieu, au sein de toutes les agitations et les incidents de sa vie terrestre si fertile en événements ; cela nous reporte aux paroles du Seigneur exprimées peu de temps avant de quitter ce monde, lorsqu’Il laissa son héritage à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je ne vous la donne pas comme le monde la donne (c’est à dire avec parcimonie et des choses périssables). Que votre cœur ne se trouble point et ne s’alarme point. » — Jean 14:27.
LES DERNIERES VOLONTES DU SEIGNEUR, SON TESTAMENT
C’est ainsi que la dernière nuit de sa vie terrestre, notre Seigneur, le cœur débordant de compassion et de tendresse répandit sur ses disciples bien-aimés ses dernières bénédictions, son héritage de paix ; c’était l’héritage le plus précieux qu’Il pouvait léguer, sa valeur était inestimable. C’était la promesse de cette sérénité d’âme, de ce calme et de cette présence d’esprit que Lui-même possédait et qui était la paix de Dieu. C’était la même paix que le Père céleste avait toujours connue, malgré les perturbations apportées par la permission du mal, seulement, cette paix n’avait pas la même provenance ; en ce qui concerne l’Eternel cette paix convergeait, se concentrait toute entière en Lui, Il possédait en Lui-même toute puissance et toute sagesse ; la paix de Christ, par contre, n’était pas concentrée en Lui, n’émanait pas de Lui-même, mais venait de Dieu, grâce à la foi qu’Il avait dans la sagesse, dans la puissance et la grâce du Père. Si donc nous voulons posséder la paix de Dieu, la paix de Christ, « ma paix », nous devons, comme Lui, la faire reposer en Dieu par notre foi.
La paix de Christ était certainement un héritage sans prix, et cependant avec quelle rapidité la tempête qui se préparait de plus en plus intense à ce moment-là n’allait-elle pas s’abattre furieusement sur la tête des disciples auxquels Il avait adressé ces paroles. L’orage commença immédiatement après qu’Il leur eut accordé ce don miséricordieux ; la consternation, l’épouvante, la confusion, s’emparèrent de leur cœur, ébranlèrent complètement leur foi. Qu’était donc devenue la paix ? Pendant que le Seigneur prononçait ces paroles, Judas, le traître exécrable était allé accomplir sa mission sanguinaire ; l’agonie de Gethsémané survint sur ces entrefaites, la terreur et l’alarme se répandirent parmi les disciples, lorsqu’ils comprirent le sort qui attendait leur bien-aimé Maître. Une terrible anxiété envahit de plus en plus leur cœur et de sombres présages germèrent en eux lorsque, devant Pilate et devant Hérode, ils virent Jésus seul en face de ses accusateurs et de ses persécuteurs impitoyables et qu’eux-mêmes étaient impuissants à le protéger. La fin tragique, les horreurs de la crucifixion vinrent enfin couronner le tout.
Sommaire
QU’ETAIT DEVENUE LA PAIX ?
Qu’était donc devenue la paix promise quand, au milieu de ces événements, les disciples épouvantés l’abandonnèrent et s’enfuirent, lorsque Pierre, terrifié, renia trois fois le Seigneur malgré son désir de Le défendre, déclarant avec des imprécations qu’il ne Le connaissait pas ? Nous comprenons que la paix n’était pas encore venue ; Paul nous dit : « Là où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur soit constatée. Un testament (un legs) en effet, n’est valable qu’en cas de mort, puisqu’il n’a aucune force tant que le testateur vit » (Hébreux 9:16, 17). Dès que la crucifixion fut terminée, que Notre Seigneur eut dit : « Tout est accompli ! », quelque étrange que cela puisse paraître, nous constatons que la paix rentra peu à peu dans le cœur des disciples accablés de tristesse. Les ténèbres qui avaient assombri ce jour, le tremblement de terre, les rochers qui se fendirent, le voile déchiré du Temple, tout cela était un message réconfortant pour eux, mais que le monde ne put recevoir.
Pour le monde (Juifs et Gentils qui les uns comme les autres participèrent à ce crime), ces événements marquaient la colère et l’indignation de Dieu envers eux. La frayeur saisit tout ce peuple, son excitation et son irritation s’étaient dissipées et ces gens se frappèrent la poitrine en rentrant chez eux. Le centenier romain et ceux qui étaient avec lui, saisis de crainte dirent : « Assurément, cet homme était Fils de Dieu. »
Pour les disciples du Seigneur, ces événements avaient une toute autre signification ; leur Maître bien-aimé avait soutenu une cause qui était aussi la leur, c’était la cause de Dieu. Ces manifestations surnaturelles étaient pour eux la preuve que Dieu ne restait pas indifférent en présence de ces événements. Bien qu’ils n’eussent pu lire les merveilleux desseins de Dieu au travers de ce voile d’obscurité, il y avait néanmoins pour eux un rayon d’espérance dans tout cela.
Leurs espérances furent ravivées trois jours plus tard à la nouvelle de la résurrection du Seigneur qui apparut Lui-même au milieu d’eux ; ces espérances furent encore fortifiées quarante jours plus tard lorsque, après leur avoir donné des instructions, après les avoir bénis, Il monta au ciel leur laissant la promesse qu’Il reviendrait. Il avait aussi enjoint aux disciples de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’ils eussent reçu les promesses du Père, c’est à dire le consolateur, le saint Esprit de filiation qui devait venir quelques jours plus tard à la Pentecôte. C’est donc à partir de l’ascension que les disciples commencèrent à comprendre ce qu’était la paix de Christ, le riche héritage du Seigneur, et les jours d’attente et de prière qui suivirent furent des jours d’une paix durable qui coulait comme les eaux d’une rivière ; mais à la Pentecôte, lorsque le consolateur vint, les flots de la rivière de leur paix coulèrent plus puissants dans un lit plus profond et leur joie ne connut plus de bornes.
NOTRE RICHE HERITAGE DE PAIX
Cet héritage ne fut pas légué à l’Eglise primitive seule, l’Eglise tout entière jusqu’à la fin de l’âge eut part à cet héritage béni. Le Seigneur exprima sa pensée à notre égard ce même jour, lorsque dans sa prière Il dit : « Ce n’est pas seulement pour eux que Je prie, mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole. » — Jean 17:20.
Remarquons que la paix promise n’a rien de commun avec la paix éphémère du monde dont on ne jouit que pendant peu de temps, tant que la fortune nous sourit, tant que les amis nous restent fidèles et que notre santé est bonne ; si la pauvreté fait son apparition, si les amis disparaissent, si la santé s’en va, si la mort emporte les trésors du cœur, cette paix du monde s’évanouit. « Ma paix » c’est-à-dire la paix de Dieu que Christ Lui-même possédait par la foi subsista malgré tout ce qu’Il perdit, malgré les persécutions, le mépris, le dédain, malgré l’agonie de la croix elle-même ; pourtant Il était celui qui de riche qu’Il était devint pauvre pour nous, celui qui perdit tous ses amis les uns après les autres, celui qui, à son heure suprême, fut abandonné de tous ceux qui Lui restaient. Aucune des épreuves de la vie actuelle ne peut détruire cette paix, aucun ennemi ne peut nous la ravir.
Le Seigneur aurait-Il pu laisser à ses bien-aimés un plus riche héritage ? Durant sa vie terrestre, Il aurait pu concentrer toute son énergie à amasser de l’argent ; par ce moyen, Il aurait pu acquérir une immense fortune qu’Il aurait laissée à ses disciples à son départ, pour faire progresser la grande oeuvre de l’âge évangélique. Cet argent aurait pu servir à couvrir les frais de voyage des apôtres, à subvenir à toutes les dépenses des champs d’activité ouverts en divers lieux (location de salles de lecture, argent nécessaire aux frères qui voyageraient, etc.) ; mais comme tout cela se serait évanoui, combien notre héritage actuel serait misérable ! « L’homme de l’iniquité » aurait assurément mis la main sur cet héritage et rien n’en serait parvenu jusqu’à la fin de notre âge. Grâce à Dieu son riche héritage de paix subsiste encore abondamment pour ses enfants.
La paix promise n’est pas d’une nature que le monde peut toujours reconnaître et savoir apprécier ; car celui qui possède cette paix comme notre Seigneur, comme le Père céleste Lui-même, peut avoir à suivre une voie ardue au milieu des tempêtes. Nous sommes d’ailleurs formellement avertis qu’il en sera ainsi pour tous les fidèles jusqu’au moment où les desseins de Dieu relativement à la permission du mal auront été entièrement accomplis ; nous avons cependant l’assurance qu’au travers de toutes les tempêtes la paix demeurera en nous : « Vous aurez des tribulations dans le monde », mais vous aurez « la paix en moi ».
LA FOI EST LE FONDEMENT DE LA PAIX
Si nous voulons connaître les fondements de cette paix durable et la sécurité qu’elle donne, permettant de surmonter les plus terribles tempêtes de la vie, nous n’avons qu’à considérer les enseignements et l’exemple de notre Seigneur et des apôtres. Quelle fut la cause de leur parfaite assurance et de leur tranquillité d’esprit remarquable pendant leurs souffrances ? C’était leur foi, leur foi dans l’amour, la puissance et la sagesse de Dieu ; ils crurent que Dieu avait toute puissance pour exécuter ce qu’Il avait promis, ils crurent que les plans divins de justice et de miséricorde ne pouvaient échouer dans leur accomplissement. Dieu avait dit par la bouche de ses prophètes : « Mes arrêts subsisteront et j’exécuterai toute ma volonté … Je l’ai dit, et je le réaliserai ; je l’ai conçu et je l’exécuterai. L’Eternel des armées a pris cette résolution : qui s’y opposera ? » (Esaïe 46:9-11 ; 14:27). C’est en se confiant aux promesses de Dieu que les disciples obtinrent la paix ; leur foi s’enracina fermement en Lui et tant que leur foi fut solidement ancrée au trône de Dieu, ils purent traverser dans la paix les plus terribles orages et les plus fortes tempêtes de leur vie.
Notre Seigneur exprimant sa foi avait dit : « Père juste, le monde ne t’a point connu ; mais moi je t’ai connu. » Jésus avait été auprès de son Père dès le commencement, Il avait connu son amour, sa bonté, Il avait contemplé sa puissance, Il avait vu sa justice, sa tendresse miséricordieuse et sa providence paternelle répandues sur toutes ses oeuvres ; il était écrit en effet : « Par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes et Il se chargera de leurs iniquités » (Esaïe 53:11). La connaissance parfaite que Jésus avait de son Père était pour Lui le solide fondement de sa foi dans les desseins de Dieu pour le temps à venir ; Il put donc marcher par la foi qui Lui permit de surmonter tous les obstacles et de triompher même de la mort.
C’est aussi pour notre instruction qu’il a été écrit : « La victoire qui triomphe du monde c’est notre foi », cette foi qui est fondée sur Dieu, et qui pour nous repose sur le témoignage que notre Seigneur a rendu du Père céleste ; les Ecritures ajoutent encore : « Sans la foi il est impossible d’être agréable à Dieu. » Ce n’est que par une foi ferme et inébranlable que la paix de Dieu, qui est celle de Christ, demeurera avec ses enfants. Pendant que notre Seigneur était avec ses disciples qui voyaient le Père manifesté en Lui, leur foi était robuste, ils avaient la paix en Lui ; Jésus dit en effet : « Lorsque j’étais avec eux dans le monde je les conservais. » Ce ne fut cependant qu’après son départ que leur foi s’ancra en Dieu. Après la Pentecôte, les disciples eurent part à la paix qui avait été celle de Christ, cette paix bénie qui provenait de la certitude qu’ils avaient acquise d’être reconnus par Dieu comme ses fils, ses héritiers, les cohéritiers de Christ, aussi longtemps qu’ils suivaient fidèlement les traces de leur Rédempteur.
L’ART DE CULTIVER UNE FOI INEBRANLABLE
C’est là que résident les fondements de notre paix. Quelque dures que soient les tempêtes de la vie que nous devons traverser, nous ne devons jamais laisser choir l’ancre de notre foi, nous abandonner à la dérive, rappelons-nous toujours que « le solide fondement de Dieu reste debout », que « sa vérité te servira d’écu et de bouclier », que « ce qu’Il a promis, Il est puissant aussi pour l’accomplir » en notre faveur, malgré nos imperfections et faiblesses humaines. Ces imperfections et faiblesses sont recouvertes par la justification que Christ notre Garant et notre Avocat nous impute ; le Père Lui-même nous aime, Il sait de quoi nous sommes formés, Il se souvient que nous sommes poussière, c’est pourquoi Il a compassion des enfants de son amour, Il est plein de pitié et d’une tendre miséricorde envers eux. Que pourrait-Il vraiment nous dire de plus que ce qu’Il nous a déjà dit pour affermir notre foi, pour fortifier et réconforter nos cœurs, afin que nous supportions avec patience les épreuves et les tribulations du chemin étroit du sacrifice.
Rien ne désarme plus complètement le chrétien en face de ses adversaires qu’un relâchement de sa foi même momentané. Si quelqu’un s’abandonne ainsi quelques instants, l’obscurité commence forcément à l’environner, cette personne ne voit plus la splendeur de la face du Père céleste « car sans la foi il est impossible de lui être agréable » et, pendant que l’individu s’efforce de saisir à nouveau l’ancre de la foi, les puissances des ténèbres l’attaquent violemment en le remplissant de doutes et de terreurs. Ces attaques-là sont toujours dirigées sur ses imperfections humaines et l’individu devrait se rappeler qu’elles sont couvertes par la robe de justice de Christ.
Si nous voulons que la paix de Dieu règne dans nos cœurs, nous ne devons jamais lâcher l’ancre de la foi ni permettre à Satan de détruire notre courage par son opposition la plus mortelle. Notre cœur doit toujours dire : « Quand il me tuerait, je ne cesserais pas d’espérer en lui. » Si nous avons une telle foi, la paix de Dieu, celle que le Maître nous a léguée demeure toujours en nous, c’est ainsi que « la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ » ; les Ecritures disent encore : « Tu garderas dans une paix parfaite l’esprit qui s’appuie sur toi. »
Au milieu des combats du chrétien, que nos cœurs reprennent courage, que nos esprits s’affermissent, non seulement par la certitude de l’accomplissement des plans de Dieu, mais aussi par les promesses spéciales de faveurs personnelles qu’Il nous a faites.
« Comme un père a compassion de ses enfants, l’Eternel a compassion de ceux qui le craignent, car Il sait de quoi nous sommes formés, Il se souvient que nous sommes poussière. » « Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle allaite ? Quand elle l’oublierait, moi je ne t’oublierai point. Voici, je t’ai gravée sur mes mains. » « Le Père lui-même vous aime. » « Votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » « Ceux dont la voie est intègre lui sont agréables. » « Fais de l’Eternel tes délices et Il te donnera ce que ton cœur désire », Il te donnera la paix de Dieu même au sein des orages et des tempêtes.
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J’attend sans cesse la venue
Du jour brillant et meilleur,
Qu’en ma route une sombre nue
Cache par son épaisseur,
Un jour de paix et d’allégresse
Tel que jamais on en vit,
Où Christ siéra plein de sagesse
Sur le trône de David.
A présent, le monde en souffrance,
N’est qu’angoisse et que douleurs,
Et ses appels sans espérance
Remplissent mes yeux de pleurs,
C’est la nuit de deuil de reproche
De la terre au mal puissant !
Je veux attendre, car bien proche
L’aube luit, rose au levant.