(Traduit par A. B.)
Ce que nous avons à combattre et comment nous devons combattre.
« Je combats [mais] non comme battant l’air.» — 1 Cor. 9 : 26.
Toutes les dispositions de notre esprit humain nous sont utiles, profitables si elles soit bien dirigées, bien contrôlées. La disposition à combattre pourrait la première être considérée comme un obstacle au développement chrétien, comme un défaut. Elle n’en est pas un; celui qui ne possède pas cette disposition à un certain degré, n’aura pas de succès dans les choix spirituelles, pas plus que dans les affaires terrestres.
70 Mars 1911
Le Seigneur, il est vrai, promet des bénédictions spéciales aux – débonnaires, à ceux qui procurent, qui aiment la paix, et il appelle ceux qui sont siens « brebis» cette dernière appellation pour dire qu’ils ne doivent pas être vicieux; mais il appelle, d’un autre côté, son peuple à une vie de combat, une vie à part, opposée au monde, aux démons et à la chair, à la chair qui combat elle-même contre l’esprit. Celui qui ne possède rien de cette qualité ne sera évidemment jamais un vainqueur dans le bon combat.
D’un bout à l’autre des Ecritures, le combat chrétien est représenté comme une bataille continuelle. Notre Seigneur Jésus est appelé le Capitaine de notre salut; les apôtres parlent de ceux qui suivent Jésus comme étant de « bons soldats de Jésus-Christ» qui « combattent le bon combat» et qui arrivent à être vainqueurs et « plus que vainqueurs» par lui qui les a aimés et rachetés par son précieux sang.
Bon et mauvais assemblage.
Considérons l’assemblage des parties mentales en nous. Les diverses parties de notre mental organisme combinées ensemble forment notre personnalité. Les membres de notre esprit, comme nous pourrions les appeler, font de l’un ou de l’autre de ces membres, le directeur, le contrôleur de nos intérêts, de notre destinée éternelle. Autrement dit, c’est une association de membres qui contrôle le tout avec un seul membre Ainsi fait, l’homme est libre, un agent moral et une image de son Créateur. Par cela nous voyons que, pour le développement de son propre caractère, il lui faut absolument la connaissance et la sagesse d’en haut.
Les hommes, considérés de cette manière, forment deux classes: ceux que les affaires et les intérêts terrestres dirigent et ceux qui sont guidés par les espérances et les intérêts célestes. La première classe est formée par ceux que l’Ecriture nomme personnellement l’homme naturel; parmi ceux-là se trouvent les nobles caractères terrestres aussi bien que les hommes méchants, sensuels, diaboliques. La seconde classe est formée de ceux qui sont « engendrés de l’Esprit», des « nouvelles créatures»; elle est peu nombreuse; ses membres se trouvent un peu partout et sont sortis de ceux appelés hommes naturels, des caractères nobles aussi bien que des ignobles par nature. Maintenant ils sont tous conduits par l’Esprit par lequel ils sont engendrés de nouveau, pour des espérances, des ambitions, des prétentions célestes. L’examen de ces deux classes nous aidera à voir ce que nous avons à faire pour nous-mêmes, où nous en sommes et si nous devons changer. Considérons premièrement:
Les nouvelles créatures, engendrés de l’Esprit
La nouvelle créature est celle pour laquelle les choses vieilles sont passées, aussi bien les bonnes choses que les mauvaises et pour laquelle toutes choses sont devenues nouvelles; ainsi une telle personne peut avoir été naturellement noble selon notre description, ou moins noble, ou le plus dégradé des êtres humains; le changement peut se faire quel que soit l’état moral de l’individu. Les raisonnements et les philosophies atteignent les hommes, soit favorablement, soit défavorablement, mais ce n’est pas cela qui peut produire le changement du naturel au spirituel, de la nature terrestre à la nature céleste. Ce changement vient d’une seule source et est fait dans une classe de personnes qui ont toutes une certaine et même disposition d’esprit et de cœur ; ce changement vient d’en haut. Il est surhumain et dans ses effets il est révolutionnaire; il se produit dans les cœurs humbles, ceux qui réalisent qu’ils sont pécheurs, ceux qui avec conscience et vénération désirent s’approcher de leur Créateur, obtenir ses faveurs et le pardon de leurs péchés. Ce changement se produit dans le cœur de ceux qui, se sentant pécheurs, sont conduits à accepter Christ comme leur Sauveur personnel, celui qui les délivre du péché. Ce changement arrive à d’autres, moins tendres de cœur naturellement, par les épreuves et les souffrances, par des expériences qui les brisent, les conduisant à regarder au meilleur Ami, à accepter son offre de les pardonner et de les conduire. Par ces expériences et parce qu’ils se détournent du péché, ils arrivent à ce que l’Ecriture appelle justification par la foi. Ils ne sont pas encore de nouvelles créatures. Justification veut dire avoir mis les choses en ordre, à leur juste place, cela ne veut pas dire avoir été plus loin, avoir changé de nature. C’est la nature humaine qui est justifiée ou reconnue juste aux yeux de Dieu par la foi au sang de Christ. Il faut un pas de plus, avant que le changement de nature puisse se faire, le pas de la consécration, du don de sa vie, de son temps, de ses projets, de ses ambitions, de son tout au Seigneur et pour son service.
C’est à ceux qui font ce pas de consécration, à ceux-là seulement, que la bénédiction du Saint-Esprit est donnée d’en haut, l’esprit qui ouvre les yeux de leur entendement à de nouvelles perspectives, à de nouvelles espérances, non plus terrestres, mais célestes. Ils prennent intérêt aux choses que Dieu a en réserve pour ceux qui l’aiment, aux choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues et qui n’étaient jamais venues au cœur naturel. — 1 Cor. 2 : 9.
Des oreilles naturelles peuvent avoir entendu peu ou beaucoup des choses spirituelles, mais elles ne les ont jamais comprises, appréciées. Des yeux ont vu quelque chose du spirituel, mais ils n’ont jamais pu discerner les détails, pas plus que notre vue n’est capable de discerner ce qu’il y a dans la lune quand même nous la voyons souvent. Ces nouvelles créatures commencent une nouveauté de vie, vivant dans le futur et pour le futur; elles considèrent toutes les choses terrestres comme perdues, comme des ordures afin qu’elles puissent gagner Christ, avoir leur partage avec lui dans le royaume spirituel. Elles doivent toujours pourvoir aux choses terrestres, veiller à ce que leurs familles aient le nécessaire ainsi qu’elles-mêmes, mais à part cela, elles sont mortes au monde, à ses ambitions, à ses espérances, à ses buts. Ces nouvelles créatures ont vu avec des yeux nouveaux, à travers le télescope de la parole de Dieu, la Bible, elles ont compris des choses grandes au-dessus de toute description et compréhension. Elles sont riches de richesses célestes et devenant chaque jour plus
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sages de la sagesse divine, elles sont toujours plus complètement des ressemblances de leur Rédempteur, si elles continuent à apprendre du Seigneur.
Divers combats, divers combattants.
On verra, du premier coup d’œil, qu’il y a une grande différence entre ces deux classes, entre ces deux hommes, l’homme naturel (bon ou mauvais) et la nouvelle créature (plus ou moins développée). Ce que nous désirons vous faire remarquer, c’est combien l’état mental de chacun influe sur son état spirituel: ce qu’un homme pense en son cœur il l’est. Il peut penser une chose et faire des efforts pour en faire une autre, il verra que cette entreprise est difficile et sans succès. Si quelqu’un pense qu’une chose est juste, elle ne l’est pas toujours pour cela comme on pourrait le penser, non. Par sa détermination mentale ou sa volonté, on voit l’homme tel qu’il est au point de vue divin, quels que soient ses faiblesses, ses défauts ou son bon caractère; qu’il soit une créature non régénérée ou un nouvel homme, les principes l’emportent. Il ne peut pas vivre au-dessus ou contre sa volonté, ses intentions, les désirs de son esprit. Combien donc n’est-il pas de toute importance que l’homme naturel et la nouvelle créature en Christ aient été bien équilibrés, fixés sur une juste base.
Quoique l’Ecriture s’adresse à la nouvelle créature, elle parle incidemment de la sagesse que doit avoir l’homme naturel. Sa règle de justice n’est rien moins que la règle d’or: faire aux autres comme nous désirerions qu’ils nous fassent si nous étions dans leur condition; être miséricordieux avec eux comme nous voudrions les voir miséricordieux avec nous, être doux et bons avec eux comme nous voudrions les voir doux et bons avec nous. Nos affaires, nos plaisirs, nos relations de famille, tout devrait être mesuré par la haute règle de la justice. Si autrefois l’homme a permis aux basses qualités de son esprit de le dominer, il doit voir que c’est mal et le changer de suite. Au lieu de permettre aux appétits bas et sensuels de le dominer, il doit élire les plus hautes qualités qui sont en lui pour le diriger, la bienséance, les goûts esthétiques; il devrait dominer sa nature basse comme il en était pour le premier homme, pour l’homme parfait; il en était ainsi d’après la position haute des nobles qualités de l’esprit dans la structure du cerveau. La chose nécessaire est de se décider que ce soit les hautes qualités qui dominent et les basses qui soient soumises.
Le combat de la nouvelle créature.
Un homme même honnête, mais qui s’est laissé diriger par l’égoïsme, s’il se convertit et désire se laisser guider par la justice et la miséricorde, cet homme peut avoir de très forts combats pour y arriver. Les basses facultés de son esprit chercheront continuellement à regagner leur place ancienne et sa vie sera une discussion entre les plus hauts idéals et les plus bas penchants. Le combat, pour celui qui a été élevé dans une condition basse est des plus difficiles. Le résultat est généralement le mécontentement; ses basses qualités sont si fortes que sa volonté (pour la justice, la miséricorde et la générosité) est surmenée, sa conscience blessée et mécontente. Il crie en son cœur : « Misérable homme que je suis! Qui me délivrera [du pouvoir et de la domination) du corps de cette mort?» (Rom. 7: 24. — D.) Il n’y a de délivrance ni pour les extrêmes ni pour les intermédiaires en ces hommes naturels qui désirent abandonner le péché; la bataille est continuelle et c’est petit à petit et de temps en temps qu’ils remportent une victoire.
L’apôtre se représente lui-même comme cet homme naturel désirant la justice et incapable de l’atteindre à cause de ses faiblesses et de son mauvais entourage; il nous donne alors la clef: « Malheureux homme que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort?» Il répond: «Je rends grâces à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur. De l’entendement je sers la loi de Dieu, mais de la chair la loi du péché» (Rom. 7 : 25). La délivrance vient par un plein abandon à Christ en harmonie avec la recommandation de l’apôtre Paul: « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu [ce qui est] votre service intelligent». — Rom. 12:1. — D.
Il est à remarquer que là, l’apôtre ne s’adresse pas à des pécheurs, mais à des frères. Ils sont frères depuis le temps où ils ont tourné le dos au péché et ont accepté par la foi le divin pardon, grâce aux mérites du sacrifice de Christ. Personne, sinon les croyants justifiés, n’a le droit d’offrir son corps en sacrifice sur l’autel de Dieu. Tous sont pécheurs par nature et le sacrifice ne peut être accepté que lorsque les péchés sont purifiés par la foi au sang de Christ.
Avec l’acceptation de son sacrifice par Dieu l’homme devient un engendré de l’Esprit, un fils spirituel de Dieu et un cohéritier avec Jésus dans son royaume millénaire, il a une position tout à fait différente devant Dieu; il est considéré comme étant sans péché parce que la vieille nature a été sacrifiée, bien qu’elle ait encore les faiblesses de la chair. La nouvelle nature, engendrée du St. Esprit, est sainte, pure, céleste dans ses désirs et ses aspirations. Elle se nourrit du pain du ciel et a la paix de Dieu qui surpasse toute compréhension. Elle n’est qu’un germe encore, mais elle se développe, croît, en grâce et en connaissance.