La résurrection des justes ne peut signifier la résurrection des personnes qui ont été parfaites, car il n’y a personne qui soit parfait, ou juste, pas même un seul. La résurrection des justes doit donc signifier la résurrection de ceux qui ont été justifiés, et les justifiés sont ceux auxquels font référence les Saintes Ecritures, et de qui Abraham fut un exemple. Abraham croyait en Dieu et fut justifié par la foi. C’était la foi qui justifiait et les actes corroboraient cette foi.
La chose se passe de la même manière avec l’Eglise de cet âge. L’apôtre dit : « Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Romains 5 : 1, 2). Nous sommes non seulement justifiés du péché, mais nous accédons aussi, du fait de notre foi, au glorieux rang de membres de Christ, et nous pouvons espérer participer avec Christ aux gloires de son Royaume dans le futur. Etre libérés de nos fautes est une chose, et être élevés à la position de fils de Dieu, héritiers de Dieu et co-héritiers de Christ, notre Seigneur, en est une autre.
Il est parlé de la résurrection des morts d’une manière similaire en Jean 5 : 28, 29 où nous lisons : « Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront. » Le Seigneur ne parle pas seulement de tous ceux qui font le bien, car Il y inclut aussi tous ceux qui sont dans les sépulcres. Dans le contexte, nous lisons : « Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. » Ici le mot grec krisis, traduit par jugement, signifie une crise, un moment critique, une décision.
La résurrection de l’Eglise.
Ceux dont la foi les rend capables de tenir à travers la mauvaise et la bonne réputation, et qui se conforment ainsi aux exigences divines, ont un caractère à l’image de celui de Jésus. Ceux-ci passent maintenant de l’état de la condamnation à celui de la vie. Comme l’Apôtre le dit : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères » (1 Jean 3 : 14). Ce passage de la mort à la vie ne s’accomplit pas dans le sens plein du terme, présentement. Par la foi, nous sommes considérés comme morts avec Christ, comptés comme membres de son corps. Cette vie future nous est reconnue. Nous sommes considérés comme la possédant ; et c’est notre condition, parce que nous avons l’approbation divine.
Puisqu’il n’y a personne qui soit bon, le seul moyen pour quelqu’un de « faire le bien » serait de se mettre en harmonie avec Dieu par obéissance, comme sous l’alliance sous laquelle se trouvaient Abraham, Isaac et Jacob, ou sous l’alliance plus élevée de l’Eglise pendant cet âge de l’Evangile. Nous avons ce témoignage que nous sommes agréables à Dieu, qui nous en donne la preuve en nous engendrant du Saint Esprit. Par opposition, les gens du monde sont des étrangers, des gens du dehors (Ephésiens 2 : 19). En conséquence, c’est par ce Saint Esprit, cette « onction provenant du Saint », que nous avons la preuve de notre acceptation par le Père.
Il en résultera que ceux qui possèdent cette approbation de Dieu, après avoir traversé les épreuves et les tests permis sur eux – car « Il fouette tout fils qu’Il agrée » (Hébreux 12 : 6, Darby), et s’être montrés fidèles jusqu’à la fin, ceux-là seront élevés par le Seigneur à la place la plus élevée, à la gloire, à l’honneur et à l’immortalité. C’est la couronne ou le plus haut niveau de vie que l’on puisse imaginer. Et ainsi, ceux qui auront part à cette Première Résurrection règneront avec Christ pendant mille ans. Il s’agit de la première classe mentionnée par l’Apôtre. Ceux-là sont approuvés, ils « sortiront… en résurrection de vie ».
Que signifie « la résurrection de vie » ? Nous répondons que ceux qui y auront part se relèveront à la vie parfaite instantanément. Comme l’apôtre Paul le dit : « Il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. » Ainsi, c’est instantanément que ces bénédictions leur sont accordées. Ils subissent leur épreuve au temps présent, et c’est pour cela que leur résurrection sera la principale.
La résurrection du monde.
Les Saintes Ecritures enseignent que tous ressusciteront. En quoi différera la résurrection du monde de la résurrection de l’Eglise ? Ni le monde, ni les païens n’ont obtenu l’approbation divine. L’Apôtre dit : « Comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? » (Romains 10 : 14). Ils ne sont pas dignes d’être au ciel ; ils ne sont pas dignes de se trouver avec les anges ou avec les saints, peu importe comment ils sont parvenus à cette condition dans laquelle ils se trouvent. Ils s’y sont trouvés à cause de l’hérédité, en tant qu’enfants d’Adam. Mais ils ne peuvent pas obtenir le même genre de résurrection qu’obtiendront ceux qui sont approuvés de Dieu maintenant, au moment de leur mort. « Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie. » Il en est ainsi de la majorité des chrétiens dans les pays christianisés. On ne peut penser qu’ils soient dignes du ciel ou d’avoir l’approbation de Dieu, dans n’importe quel sens du terme. Et ils le savent bien. Ils le confessent eux-mêmes. Personne ne pourrait contredire le fait qu’il en est neuf cent quatre-vingt-dix-neuf pour mille qui vivent « selon la chair ». Ils ne sont pas saints et ne sont pas approuvés de Dieu, certains ayant entendu un peu plus de la Parole de Dieu, et d’autres un peu moins.
La résurrection générale sera graduelle.
« Ceux qui auront fait le mal » seront réveillés pour le jugement (du grec krisis), ce sera une résurrection pour subir des épreuves, passer par des tests. Quelle sera cette résurrection ? Les Saintes Ecritures nous montrent qu’elle sera graduelle. Durant les mille ans du règne de Christ, les gens seront réveillés du sommeil de la tombe. Ce réveil sera une œuvre préparatoire et non pas la pleine résurrection qui nécessitera la totalité des mille ans.
Mais, selon l’arrangement divin, le compte (de la Justice divine, trad.) concernant le monde entier aura été réglé, de sorte que, lorsque, à l’avenir, les hommes sortiront de la tombe, ils se trouveront entre les mains du Rédempteur, dont le Royaume s’étendra au monde entier. Ils auront la possibilité d’être ramenés à ce qui fut perdu. C’est la perfection humaine qui fut perdue ; celle-ci inclut, non seulement la santé physique parfaite, mais aussi la puissance mentale parfaite ; cette puissance mentale dépend du cerveau, elle est affectée par le cerveau aussi bien que par le corps, si bien que l’homme se trouve maintenant dans une condition mourante, tant mentalement que moralement et physiquement.
Personne ne sera relevé totalement, de l’état imparfait à l’état parfait, avant la fin des mille ans. Quiconque obéira à ces arrangements salutaires obtiendra ce dont Adam jouissait au commencement : la stature d’homme parfait. Ceux qui n’obéiront pas aux exigences du Royaume de Christ seront détruits dans la seconde mort. Ils seront détruits comme des animaux, après avoir reçu la pleine mesure de la faveur divine. – 2 Pierre 2 : 12.
« Les autres morts ne revinrent pas à la vie avant que les mille ans fussent accomplis » (Apocalypse 20 : 5). Notre père Adam fut chassé du jardin d’Eden quand la sentence fut prononcée. Tous ses enfants sont nés dans une condition mourante, et se trouvent toujours dans cette condition. C’est pourquoi, relever les hommes de l’état de péché et de mort consistera à les amener à nouveau à la pleine perfection, à la vie parfaite. Ce sera un processus graduel. Ils seront de plus en plus vivants et de moins en moins mourants, au fur et à mesure que progresseront les mille ans, mais personne n’obtiendra la vie issue de la résurrection avant d’avoir atteint la condition de perfection, c’est-à-dire la vie parfaite à l’image de Dieu, qui fut perdue par Adam.
L’embrasement du monde est un symbole.
Les Saintes Ecritures déclarent que « la terre subsiste toujours », et que Dieu « ne l’a pas créée pour être vide, il l’a formée pour être habitée » (Ecclésiaste 1 : 4 ; Esaïe 45 : 18). Elle n’est pas encore parvenue à l’état béni où elle fleurira comme la rose, mais cela se réalise progressivement. A la fin du règne de mille ans de Christ, toute la terre sera amenée à la perfection. Dans les prophéties, les montagnes symbolisent des royaumes. Les paroles de l’Apôtre Pierre (2 Pierre 3 : 12) déclarent qu’il se produira une grande conflagration et que les cieux seront aussi en feu, mais après cela s’installera un nouvel ordre des choses qui remplacera celui du passé ; et ce nouvel ordre de choses amènera la bénédiction pour tous sur terre. Dans cet ordre d’idée, le terme « feu » signifie la destruction du présent ordre de choses, du « kosmos », pas de la terre, mais du système social, de la société telle qu’elle est organisée à présent.
Il arrive souvent qu’on entende les gens dire : « Ça chauffe de plus en plus, dans ce monde ! » Et bien oui, la lutte entre le capital et le travail s’échauffe encore plus, comme cela a été dernièrement mis en évidence dans les troubles dans le monde du travail, en Grande Bretagne et aux Etats-Unis [écrit en 1912, trad.]. Mais le temps de la conflagration, dont nous parlons, sera un tel « temps de trouble » qu’il consumera entièrement le présent ordre de choses ; ce sera, par conséquent, un temps de trouble faiseur-d’époque, et une nouvelle époque s’introduira immédiatement après.
Les montagnes symbolisent les royaumes.
Il nous est arrivé de voyager en train avec un Adventiste et de passer par les montagnes. Le frère Adventiste disait : « Ne pensez-vous pas qu’il y aura un temps glorieux où ces montagnes seront abaissées à un certain niveau ? Nous répondîmes : « Cher frère, les montagnes sont très belles, très utiles. » Il rétorqua : « Mais vous ne pouvez pas cultiver du blé sur cette montagne. » « Et bien, disions-nous, si vous voulez cultiver du blé, allez dans la prairie. » Alors, il dit ceci : « Que signifient, à votre avis, les Ecritures selon lesquelles les montagnes seront abaissées, et celles qui parlent de la fusion de la terre ? » Notre réponse fut : « Cher frère, les montagnes, ce sont les royaumes. Nous lisons que « la montagne de la maison de l’Eternel sera fondée sur le sommet des montagnes » ; elle sera la principale Montagne, ou Royaume. – Esaïe 2 : 2.
Lors de la résurrection, les classes seront nivelées.
Le Psalmiste déclare que « les montagnes seront déplacées et jetées au milieu de la mer », les montagnes étant un symbole des royaumes, des gouvernements de la terre et de la société en général constituant les éléments soutenant les gouvernements (Psaume 46). Pierre aussi mentionne que la terre tout entière sera consumée par le feu. Ces paroles sont symboliques et impliquent que les gens qui se trouvent dans un état d’abaissement seront élevés, et ceux qui sont élevés seront abaissés. Ainsi, s’opérera un processus de nivellement.
Nous nous souvenons de la déclaration faite dans les Ecritures en Sophonie : « Attendez-moi donc, dit l’Eternel… » Ici Jéhovah s’adresse à l’Eglise et nous dit que nous ne devrions pas être des mécontents, que nous ne devons pas être des anarchistes, ni des générateurs de contestation. Je m’occuperai de cette affaire Moi-même. Vous pouvez rester tranquilles, en ce qui concerne le présent ordre de choses. « Attendez-moi donc, dit l’Eternel, au jour où je me lèverai pour le butin. Car j’ai résolu de rassembler les nations, de rassembler les royaumes, pour répandre sur eux ma fureur, toute l’ardeur de ma colère ; car par le feu de ma jalousie tout le pays sera consumé. » La phrase suivante montre qu’il ne s’agit pas d’un feu littéral. « Alors je donnerai aux peuples des lèvres pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de l’Eternel pour le servir d’un commun accord. » – Sophonie 3 : 8, 9.
Quand l’Esprit et l’Epouse disent : « Viens ».
Ce sera l’œuvre des mille ans du règne du Messie, de faire ainsi connaître le pur message de Dieu, la pure Parole de Dieu. Jetant un regard en arrière, nous voyons tous qu’un pur message de Dieu n’a pas été délivré à l’humanité, mais ce fut plutôt des credo contredisant d’autres credo, empirant ainsi la confusion. Mais le Seigneur répandra son esprit sur toute chair et la terre sera remplie de la connaissance divine, comme les eaux recouvrent le fond des mers (Esaïe 11 : 9 ; Habacuc 2 : 14). En Apocalypse (21 : 6 ; 22 : 1, 2), il est écrit que : « La rivière de l’eau de la vie » coulera librement.
Nous voyons que le Trône (mentionné au chapitre 22, verset premier, trad.) n’est pas encore établi et que l’Epouse n’apparaît pas maintenant. Nous sommes dans l’attente de ce temps à venir où le Trône sera établi et où « l’eau de la vie » s’en écoulera. A l’avenir, cette eau constituera la rivière d’eau de la vie. Cela ne pouvait pas se produire avant la seconde présence de notre Seigneur, mais se produira dans le glorieux temps du Royaume de Christ, lorsque l’Esprit et l’Epouse diront : « Viens ! » L’Eglise de Christ sera alors complète, et chaque créature parviendra à la connaissance de la Vérité et aura l’occasion d’atteindre la pleine perfection, rendue accessible du fait de l’œuvre rédemptrice de Christ.
Le rapport de l’Eglise avec la société terrestre.
Il est parlé de la condition spirituelle comme d’une condition céleste, dans le sens que les termes « ciel » et « céleste » se rapportent, dans les Saints Ecrits, aux choses plus élevées. Ainsi, le ciel dans lequel l’Eglise sera prise signifie cette condition plus élevée. Mais la mission de l’Eglise, pendant l’âge prochain, sera en rapport avec l’humanité. Il convient donc de comprendre que le Seigneur et l’Eglise seront présents et que, supervisant et dirigeant, Ils agiront en se servant d’agents humains, terrestres.
Nous avons l’exemple d’un tel pouvoir invisible en Satan, qui gouverne le monde depuis plus de six mille ans, à l’aide de ses agents. Son œuvre est une œuvre trompeuse. Il gouverne l’humanité au moyen de l’ignorance, de la superstition, etc. Mais sous le gouvernement de Christ, l’erreur et la superstition disparaîtront. Le monde apprendra que la Vérité pourra les rendre libres. Ceux qui accepteront cette Vérité, obtiendront la liberté et parviendront en fin de compte à la liberté possédée par les fils de Dieu. Les hommes seront vus par Le Christ (Tête et Corps, trad.), mais Il ne sera pas vu par eux. C’est en rapport avec cette vérité que le Seigneur déclara que les douze apôtres seraient assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël ; Il voulait dire par là que les apôtres Lui seraient associés pour juger et diriger le monde.
Ensuite, apparaît une autre classe : « … Vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu … » ; mais le Seigneur n’a pas dit que ceux-ci Le verront Lui-même et ses apôtres, car Lui-même et les apôtres constitueront la phase invisible du Royaume. Ainsi est-il écrit : « Tes enfants prendront la place de tes pères ; tu les établiras princes dans tout le pays » (Psaume 45 : 17). Les patriarches seront considérés comme enfants. Un père est celui qui donne la vie. Tandis que, dans un certain sens du mot, Abraham et Isaac, etc., pourraient être considérés comme pères, néanmoins, en raison de son œuvre rédemptrice, Christ leur donnera la vie et ils seront ses enfants ; quiconque, en effet, donne la vie est le père et celui qui la reçoit est l’enfant. Ces patriarches seront Princes sur toute la terre, non sur le plan céleste, mais sur le plan terrestre, après avoir eu part à une meilleure résurrection en raison de leur fidélité. Chacun d’eux sera un exemple de la perfection humaine et chacun d’eux sera prince ou dirigeant. Leur sagesse sera une sagesse contrôlée par l’Eglise glorifiée.
Le but de l’épreuve individuelle du genre humain.
Les hommes auront besoin d’être mis à l’épreuve pour voir si oui ou non ils accepteront le Plan de Dieu avec la connaissance qu’ils auront acquise. S’ils l’acceptent, ils seront jugés dignes de la vie éternelle. S’ils n’arrivent pas à s’accorder avec ce Plan, ils seront jugés comme méritant la mort éternelle. Mais ce jugement sera exercé par Christ et son Epouse.
Nous voyons ainsi qu’aura lieu un grand jugement, ou épreuve, que subira le monde pour donner aux hommes l’occasion de décider s’ils veulent ou non se mettre en harmonie avec les arrangements du Royaume de Christ. L’Eglise sera associée avec Christ dans cette œuvre de jugement. Nous lisons que Dieu : « … a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné… » (Actes 17 : 31), par Christ, la Tête et l’Eglise, son Corps. Par ailleurs, nous lisons : « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde… » (1 Corinthiens 6 : 2). C’est pourquoi, notre propre jugement ou épreuve se passe avant, afin que nous puissions être préparés pour éprouver ou juger le monde ; en raison des expériences que nous aurons subies, nous serons à même d’aider les hommes, puisqu’ils seront sous notre contrôle, quand ils seront mis à l’épreuve.
WT 1912 p.4989