Auteur : Régis L. , Conférence de Pentecôte, le 22/06/2025, Vigy
– Sujet #07 –
Mon exposé s’intitulera aujourd’hui : Trois aromates pour le Seigneur Jésus.
Ce thème concernera la fin de la mission de notre Seigneur, comme les mots du titre le laissent penser.
Il va aussi considérer la coutume juive, largement inspirée de ce qui se faisait par ailleurs dans l’antiquité, d’honorer une personne qui décède, et à qui on souhaite rendre un dernière hommage.
Comme vous le voyez, j’ai divisé cet exposé en trois parties, car chacune m’a paru intéressante pour tirer une leçon de ce dernier hommage à un mort fait à l’époque de notre Seigneur.
Et le fait ici que celui à qui on a rendu hommage n’était pas le premier venu, mais le Seigneur lui-même, mérite qu’on se penche sur ces aromates.
Les aromates de Nicodème
Les premiers aromates que nous considérerons seront ceux de Nicodème
Dans l’épitre de Jean au chapitre 19 nous est relatée la mort de notre Seigneur. Compte tenu de toutes les souffrances qu’il avait subies pendant toute sa passion, nous savons qu’il est mort après 6 heures de souffrances sur la croix, de souffrances qui vont au-delà de notre imagination.
Nous connaissons bien ces moments par les Evangiles et n’hésitons pas à les rappeler chaque année lors de la célébration de la Paque. La grandeur des souffrances de notre Seigneur pour l’humanité nous laisse pleins d’humilité et de reconnaissance. Et sa mort en sacrifice est, on le sait l’évènement le plus important de l’histoire de l’humanité.
On sait qui était là pour assister à la longue agonie du Seigneur : surtout des femmes, et l’apôtre Jean. Les autres disciples, qui s’étaient enfuis lors de l’arrestation de Jésus à Gethsémané, ont vécu ces moment-là cachés.
Après la mort du Seigneur, sa vérification par un coup de lance au droit du cœur, a eu lieu la descente de croix. Condamné comme un criminel, le corps du Seigneur était promis à la fosse commune, ou même la géhenne ; c’est ce qui était souhaité par ses accusateurs et les Romains. Être brûlé donc. Mais Dieu ne l’a pas voulu ainsi.
Or, contre toute attente, voilà que deux personnages se manifestent. L’un d’eux est Nicodème qui a rencontré Jésus presque au début de son ministère. L’autre est Joseph d’Arimathée. Présentons d’abord Joseph d’Arimathée.
Il est dit en Luc 23 ;50 : « Il y avait un conseiller, nommé Joseph, homme bon et juste, qui n’avait pas point participé à la décision et aux actes des autres ; il était d’Arimathée, ville des Juifs, et il attendait le royaume de Dieu. »
Jean 19 ; 38 rajoute : « il était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs « .
Marc enfin en 15 ; 43 dit qu’il était « conseiller de distinction » , et qu’il « osa se rendre vers Pilate, pour demander le corps de Jésus ».
Vous voyez, en prenant ce qui est dit dans 3 évangiles, on a des éléments qui se complètent très bien pour décrire Joseph d’Arimathée ; et ils sont nécessaires, car on ne parle pas de lui avant ce moment dans aucun évangile.
Comment définir ces deux chefs? Ils ne font pas partie du groupe des 12 apôtres, et sans doute pas non plus du groupe des 70 ; on sait qu’en ce qui concerne Nicodème, il avait demandé à voir Jésus lors de son passage à Jérusalem, lors de la Paque. Jésus, lors de l’entretien qu’il avait eu avec lui en Jean au chapitre 3, lui avait parlé en termes philosophiques que ce grand docteur de la loi aurait dû comprendre, car ce n’était pas le premier venu, mais un chef des Juifs. Mais peut-être Jésus avait-il fait preuve de trop d’abstraction avec lui.
Quoi qu’il en soit, Nicodème et Joseph d’Arimathée étaient des notables, que je n’aurais pas vu quitter leur fonction de docteur de la loi pour l’un, de conseiller de distinction pour l’autre, pour aller sur les chemins avec Jésus, ne sachant pas où ils allaient dormir le soir (je reprends les paroles de Jésus).
Mais dans le cas de Nicodème, quand il est allé voir Jésus cette nuit-là, la semence était mise en terre et elle a germé. Au point que lors de la fête des Tabernacles, soit deux ans et demi après, alors que le Sanhédrin avait envoyé des gardes pour se saisir de Jésus, Nicodème seul parmi les pharisiens s’était opposé à cette arrestation en disant (Jean 7 ;51) : «Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu’on l’entende et qu’on sache ce qu’il a fait? »
Revenons à Joseph d’Arimathée qui vient demander le corps de Jésus à Pilate. Je dis : il faut oser ! D’ailleurs, c’est ce qu’on a lu en Marc 15 ;43 : « il osa se rendre vers Pilate… » Si les autres membres du sanhédrin l’avait su ce soir-là, quelle aurait été leur réaction ? L’auraient-il lapidé ? En tout cas, ils l’auraient sans doute insulté et exclu de leur groupe.
Il donne pour le corps de Jésus un tombeau qu’il s’était fait creuser et où personne n’avait été mis. Est-ce une grande preuve d’amour ? Oh oui. Un tombeau qu’il s’était destiné à lui-même, il le donne au Seigneur. C’est lui qui accomplit la prophétie d’Esaïe 53 ;9 qui dit à propos de Jésus « qu’on a mis son tombeau parmi les riches ».
Il est dit en Marc 15 ;46 que Joseph a acheté un linceul pour envelopper le corps, ce fameux linceul qui fait beaucoup parler de lui, mais dont on ne parlera pas aujourd’hui. Car avant de le replier sur le corps, l’autre membre du sanhédrin, Nicodème, va faire sa part d’hommage au Seigneur.
Nous lisons en Jean 19 ;39-40 : »Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d’environ cent livres de myrrhe et d’aloès. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de bandes, avec les aromates, comme c’est la coutume d’ensevelir chez les Juifs. »
Cent livres, c’est 34 kg, de myrrhe et d’aloès.
La myrrhe, c’est une résine aromatique extraite des arbres du genre Commiphora, que l’on importait de l’Afrique de l’Est ou d’Arabie, et qui avait des propriétés très intéressantes :
1.Encens et Onction: Les Hébreux utilisaient la myrrhe dans l’encens sacré et les huiles d’onction. Dans l’Exode, Dieu a ordonné à Moïse de préparer une huile pour l’onction sainte, incluant la myrrhe comme ingrédient principal.
2.Offrande: Dans le Nouveau Testament, les rois mages offrent de la myrrhe à Jésus en tant que symbole de sa future mort et de son embaumement.
3.Médecine: On mélangeait parfois la myrrhe à des boissons pour ses propriétés analgésiques. Par exemple, les soldats romains ont tenté de donner à Jésus du vin mêlé de myrrhe pour atténuer sa douleur sur la croix.
4.Embaumement: La myrrhe servait à embaumer les morts, en raison de ses propriétés conservatrices et son parfum persistant.
On y est donc.
Comme on peut s’en douter, c’était aussi quelque chose de très cher. La myrrhe offerte par l’un des rois mages était un cadeau royal !
Quant à l’aloès, à ne pas confondre avec l’aloe vera, c’est aussi un bois parfumé comme le bois d’agar ou le santal, qui était importé d’Inde ou d’Arabie, ce qui en augmentait considérablement le coût à cause du transport par caravanes ou par bateaux.
Ce bois, très parfumé, était utilisé en Orient pour l’encens, les parfums et les rites funéraires-
On peut donc dire que la myrrhe et l’aloès se complétaient, en particulier comme composants d’aromates funéraires.
Quant au prix de ces 34 kg d’aromates apportées par Nicodème, on l’estimer à plus de 2 ans de salaire de l’époque, soit de l’ordre de 36 000 € d’aujourd’hui.
Que dire, et quelle leçon pouvons-nous en tirer ?
Tout d’abord, offrir un cadeau d’une telle valeur est un geste magnifique, que ce soit offrir au Seigneur un tombeau que l’on a fait pour soi, ou que ce soit ces aromates si couteuses pour envelopper son corps.
Alors, bien sûr, on pourra dire qu’en Jean 12 ;42, il est dit »Cependant, même parmi les chefs, plusieurs crurent en lui; mais, à cause des pharisiens, ils n’en faisaient pas l’aveu, dans la crainte d’être exclus de la synagogue. Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu. »
Il est dit, si vous l’avez remarqué, « plusieurs ». On peut donc penser que outre Nicodème et Joseph d’Arimathée, il y en avait d’autres. Mais les autres se sont contentés de croire en Jésus, sans bien sûr en faire l’aveu.
Par contre, Joseph d’Arimathée a fait quelque chose de très courageux ; il est dit qu’il « a osé se rendre vers Pilate, pour demander le corps de Jésus ». Il a descendu Jésus de la croix, aidé peut-être par Nicodème ? Pour ce faire, ils se sont montrés aux autres pharisiens et à la foule, je reprends l’expression de Jean, en la retournant : « ils en ont fait l’aveu, qu’ils croyaient en lui », et ils l’ont fait à un moment crucial, la crucifixion.
Les disciples s’étaient cachés par peur d’être arrêtés en même temps que Jésus, et ne se sont pas montrés au moment de sa mort.
Nicodème et Joseph se sont montrés, eux.
Et au moment où les autres pharisiens auraient pu les faire arrêter par leurs gardes, ou dresser la foule contre eux !…
Je vois une belle leçon du comportement de Nicodème et Joseph, pour nous cette fois.
La société actuelle, peu croyante, nous met peu ou pas en demeure de nous déclarer disciples de Christ. Les gens ne sont pas opposés particulièrement à Christ, ils ne veulent tout simplement pas entendre parler de religion.
Alors quand une occasion se présente de se déclarer disciples de Christ, saisissons-la.
Cela peut nous couter des amitiés, mais c’est le désir du Seigneur.
Les aromates des femmes
Je voudrais voir à présent avec vous le deuxième aromate préparé pour le Seigneur.
Avant 18h le Seigneur est descendu de croix, comme nous l’avons vu, et mis au tombeau après que son corps ait été enduit d’aromates.
Le sabbat du début de la fête des pains sans levain peut commencer. C’est un des jours les plus sacrés pour le peuple juif, où il n’est pas question de faire quoi que ce soit.
Ce qui n’a pas été fait avant 18 h, devra attendre la fin du sabbat.
Or on apprend que Nicodème n’a pas été le seul à vouloir ensevelir le corps de Jésus. Deux évangiles nous apprennent que des femmes qui avaient accompagné Jésus ont, elles aussi, prévu d’ensevelir Jésus avec des aromates.
L’on dira, mais comment cela se fait-il ? En Luc 23 ;55 et 56, on lit : « Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus, virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé et s’en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums. Puis elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la loi. »
Elles ont donc vu que Nicodème a déjà mis ses aromates sur le corps. Pourquoi en rajouter ? Il est dit qu’elles ont eu encore le temps de préparer des aromates et des parfums avant que ne commence le sabbat.
Or, l’évangile de Marc ne dit pas la même chose. Lisons ce que dit Marc 16 ; 1-2 : « Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et Salomé, achetèrent des aromates, afin d’aller embaumer Jésus. Le premier jour de la semaine, elle se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever. »
Donc pour Marc, elles ont acheté ces aromates après le sabbat, c’est-à-dire le samedi soir. Et c’est le lendemain, dimanche à l’aube, qu’elles sont allées au sépulcre.
Je vous dirai que cette différence peut très facilement s’expliquer par le fait que leur préparation des aromates avant le sabbat a concerné des aromates qu’elles avaient, mais qui n’étaient pas en quantité suffisante, et qu’il fallait les compléter, d’où cet achat après le sabbat. On peut raisonnablement penser que par rapport à la fortune d’aromates que Nicodème avait amené, les femmes devaient avoir des moyens plus restreints, mais qu’importe ?
Et, pourquoi voulaient-elles ensevelir le corps de Jésus avec des aromates, alors que Nicodème l’avait déjà fait ?
Plusieurs raisons sont avancées :
- Comme l’ensevelissement avait été fait rapidement, avant le sabbat, elles pouvaient supposer qu’il n’était pas complet et souhaitaient le parfaire.
- Elles n’ont peut-être pas bien vu l’ensevelissement de Nicodème et ont cru que cet ensevelissement n’avait pas été fait
- Enfin, et c’est l’explication qui me parait la plus simple, la plus plausible, elles voulaient témoigner par ce geste d’amour leur attachement au Seigneur, même si c’était déjà fait.
Pouvoir voir encore une fois le corps de leur Maitre qu’elles avaient aimé, le toucher, quitte à être impures pendant une semaine, mais le faire ! Lui montrer encore une fois leur affection.
Ont-elles eu l’occasion d’oindre le corps de Jésus ? Nous savons que non, puisque la pierre était roulée et le corps avait disparu.
Ces aromates n’ont pas servi.
Mais ont-ils été vraiment inutiles ?
Je pense que non. Vous voyez, 2000 ans après, on en parle encore ; et c’est grâce à ces aromates que les femmes qui les apportaient ont vu que le tombeau était vide et sont allé le dire aux apôtres.
C’est grâce à ces aromates qu’elle avait apportés, que Marie de Magdala, restée seule devant le sépulcre et pleurant de désespoir, peut-être de n’avoir pas pu rendre ce dernier hommage à son Seigneur et aussi de ne pas savoir où se trouvait le corps, c’est grâce à ces aromates qu’elle se trouvait là et qu’elle a eu la joie, sans doute une des plus grandes joies du Nouveau Testament, d’entendre et de voir, la première, Jésus ressuscité.
Elle a fait mieux que de l’oindre d’aromates ; elle a été témoin de sa résurrection et des premières paroles prononcées par lui après sa victoire sur la mort.
Le Seigneur, en se montrant ainsi en premier à Marie de Magdala, a récompensé ses nombreuses qualités que j’ai essayé d’analyser dans un exposé il y a quelques années, mais il a aussi récompensé son geste d’amour, montré par ces aromates qui n’ont pas servi.
Et la leçon d’amour que Marie de Magdala et ses compagnes nous donne est si forte qu’elle se passe de commentaires.
Les aromates de Marie, sœur de Lazare
Je vous propose de passer aux troisièmes aromates où, après ce que nous venons de voir, on va toucher au sublime.
Nous sommes 6 jours avant sa mort. Jésus mange chez Lazare, Marthe et Marie. L’épisode nous est décrit en Jean chapitre 12 . Repas comme Jésus en a pris beaucoup, invité çà et là.
Mais là, entre les lignes du récit, on sent la tension qui monte entre Jésus et les pharisiens. On lit que plusieurs étaient venus de Jérusalem, pour voir Lazare, que Jésus avait ressuscité des morts.
On sait aussi que les pharisiens souhaitaient faire mourir non seulement Jésus, mais aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs se retiraient d’eux, de façon à ce que ce miracle de sa résurrection n’ait plus de témoin ou de survivant.
Plus de témoin ? Alors que des centaines de gens avaient vu le miracle ! Ce peut nous paraitre gros comme une maison, mais n’oublions pas 7 jours après, à la résurrection de Jésus, que lorsque les soldats sont venus dire aux sacrificateurs que le corps avait disparu, les mêmes pharisiens avait voulu, là aussi, supprimer toute trace de ce grand miracle en leur faisant dire que pendant qu’ils dormaient, les disciples avaient volé le corps. Ils étaient donc prêt à tout.
Par conséquent, à ce repas à Béthanie, c’est une atmosphère tendue.
Il est dit que Marthe servait. Il n’est pas dit que sa sœur Marie s’était assise aux pieds de Jésus, comme la dernière fois.
Je lis en Jean 12 ;3 : »Marie, ayant pris une livre d’un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux, et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. »
Nous connaissons ce passage, ainsi que la réaction de Judas au verset 5 : »Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum 300 deniers, pour les donner aux pauvres ? »
Là, contrairement aux deux autres cas que nous avons vus, le prix de ce parfum nous est donné : 300 deniers, soit dix mois de travail ; à peu près 15 000 € au cours actuel.
On ne va pas faire de comparaison entre les moyens dont disposait Marie et ceux de Nicodème.
Considérons uniquement le geste de Marie. Geste préparé ? Geste spontané ? Gardons la préparation du geste de Marie secrète.
Mais considérons le geste lui-même. Est-ce sur la partie la plus noble de la personne du Seigneur qu’elle a versé ce parfum ? Sur sa tête, ses cheveux ? Non, elle a versé ce parfum précieux sur ces pieds.
Les pieds, c’est la partie la plus sale du corps dans le monde antique. Un monde qui ne dispose pas du tout à l’égout, qui est pollué par la poussière sale ou la boue souvent infecte des chemins. Des pieds qui ne sont pas protégés par des chaussures telles qu’elles existent aujourd’hui, mais qui marchent pieds nus, ou dans de simples sandales.
Bref ces 15 000 € sont répandus sur les pieds du Seigneur. Et Marie ne va pas s’arrêter là, il est dit qu’elle essuie ses pieds avec ses cheveux.
Je pense qu’il est difficile d’imaginer, aujourd’hui, quelqu’un faisant ce geste. Marie l’a fait.
Elle devait aimer Jésus ! Souvenons-nous lors d’un premier repas où elle « buvait » littéralement les paroles du Seigneur, comme on dirait aujourd’hui, alors que sa sœur Marthe se tapait tout le travail du repas.
C’était sa manière à elle de montrer qu’elle aimait Jésus, qu’elle aimait ce qu’il faisait, qu’elle aimait ce qu’il disait.
Mais là, elle ne s’est pas contentée de rester assise aux pieds de Jésus, pour l’écouter.
Les pieds de Jésus, elle leur a fait deux choses :
- Elle a dépensé une fortune, elle l’a versé sur ses pieds et il est dit que « la maison fut remplie de l’odeur du parfum » ; ce qui était le moins noble chez l’homme est devenu ce jour-là la partie du corps la plus digne d’intérêt, celle d’où s’élevait le parfum. Marie voulait-elle mettre l’accent sur le rôle des pieds du Maitre qui avaient parcouru tout le pays d’Israël pour faire connaitre le Père ?
- Deuxièmement, elle les a essuyés avec ses cheveux. Après cela, ce parfum si odorant qui avait emplit la maison allait la parfumer, elle, pendant quelques jours ; combien ? Jusqu’à la mort du Seigneur ? Je ne sais pas.
Mais souvenons-nous de la réponse de Jésus à Juda : « Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture. Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours. »
« Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture ! » Peut-elle encore le garder, puisqu’elle l’a répandu ? Alors, qu’a voulu dire le Seigneur ? Les commentateurs disent que cette réponse de Jésus est difficile à comprendre et qu’il vaut mieux se référer au verset 12 de Matt 26 qui dit : « En répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture ».
On peut, dans tous les cas, être sûr que Jésus a apprécié ce parfum et qu’il a considéré comme le premier aromate de sa sépulture, et chose primordiale, il l’a eu de son vivant.
Et, si l’on prend en compte le verset de Matth 26 qu’on vient de citer, Jésus a rajouté : »Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? » Quelle leçon ! Il aurait pu tout aussi dire aux disciples, et en particulier à Juda : « De quoi vous mêlez-vous ? »
Et nous, est-ce que nous n’avons pas quelquefois cette tendance à nous mêler de ce qui nous regarde pas, de faire de la peine quand cette personne fait du bien, et que nous ne le comprenons pas ? Le Seigneur, lui, a compris Marie.
Alors, l’heure de la conclusion étant arrivée, que peut-on dire de ces trois aromates ?
Nicodème a mis ses aromates comme cela se faisait lors d’un enterrement, en voulant rendre hommage au défunt. Il a fait preuve de courage, en se montrant une fois de plus disciple de Jésus, et il a fait preuve de générosité, en apportant une telle quantité d’aromate. On peut dire qu’il a montré son amour pour le Seigneur. C’est une belle leçon pour nous.
Les femmes qui sont arrivées après la résurrection de Jésus, tôt le matin alors que tout le monde dormait encore, ont montré elles aussi leur zèle et leur amour pour le Seigneur, et Marie de Magdala, par sa persévérance, a eu le privilège, l’honneur d’être la première à voir et à entendre Jésus ressuscité. L’attitude de Marie de Magdala et de ses compagnes, elle aussi, est pour nous source d’inspiration et d’exemple.
Mais Marie, sœur de Lazare, ne l’a fait ni à sa mise au tombeau, ni un jour après ; elle l’a fait avant.
Ceux de ma génération, vous vous souvenez sans doute du frère TF Pilarski. J’ai assisté à un ou deux de ses exposés d’enterrement. Il disait toujours en désignant les fleurs et couronnes mise devant le cercueil de la personne décédée : « Ces fleurs offertes aujourd’hui, le mort ne peut plus les voir, il ne peut plus les sentir ; c’est de son vivant qu’il faut les lui offrir »
Marie, sœur de Lazare a montré son amour pour Jésus quand il était encore vivant, il l’a apprécié et il le lui l’a dit.
Alors, nous aussi, montrons notre reconnaissance à notre Seigneur, qui est au ciel, par non prières, notre adoration, et montrons notre attachement à ceux que nous aimons, de leur vivant. A leur décès, il sera trop tard.
Que Dieu vous bénisse.